L’accès à l’eau potable est classé 6ème dans le rang des objectifs de développement durable de l’ONU, et demeure encore à ce jour un défi majeur en Guinée. Le manque d’infrastructure a des répercussions dans la vie de tous des habitants vivant en milieu rural, autant dans les domaines sanitaires et médicaux, qu’aux niveaux économiques et sociaux.
La situation sur place
Dans le cas de Kébéfriguiya, presque la moitié des consultations médicales dans cette zone sont dues à une ingestion d’eau contaminée. La mortalité infantile reste au‐dessus de 10 % selon l’UNICEF.
Le risque pour les accidents est élevé car, pour se procurer l'eau, il n'y a pas d'autre choix que de faire les trajets à pieds; or
les rivières ne sont pas sécurisées. Les maladies provoquent la perte de la source de revenus puisque une assurance n'existe quasiment pas.
Qui plus est, ce sont les femmes ou les jeunes filles qui sont chargées de faire les allers-retours jusqu’au point d’eau actuel, ce qui leur enlève le temps nécessaire pour mener une activité qui leur apporterait rémunération ou en cas des filles cela provoque l'absentéisme à l'école. C'est également à ce même point d'eau qu'elles pratiquent leur lessive, et où les animaux viennent s'abreuver (d'où les conséquences au niveau médical).
Quelles sont les mesures à prendre ?
L’assainissement de la situation au niveau de l’accès à l’eau potable est la priorité principale.
Malgré les impacts considérables d'un tel projet, aucune amélioration notable ne semble se profiler à l’horizon à cause de la pauvreté et le manque du soutien de l'état.
Des projets de développement financés par des organisations non‐étatiques semblent actuellement être la seule solution envisageable.
Le contenu du projet
Construction de l’adduction d’eau comprenant 4 bornes‐fontaines,
Mise en place d’un périmètre maraîcher de 5'000 m2,
Création, structuration et renforcement des capacités du comité de l’eau,
Formations en technique/entretien et en dynamique organisationnelle,
Sensibilisation des villageois à l’entretien, l’hygiène et l’assainissement.
Buts
Faciliter l’accès des villageois à l’eau potable pour leurs besoins quotidiens,
Diminuer les trajets et le temps consacré par les femmes pour chercher l’eau,
Diminuer l’absentéisme des filles à l’école,
Réduire la prévalence des maladies hydriques liées à la mauvaise qualité de l’eau,
Permettre aux femmes de se consacrer à des occupations génératrices de revenus,
Améliorer la qualité de vie des villageois et lutter contre l’exode rural.
Plus de détails
La Guinée
La Guinée, dont la capitale est Conakry, est souvent appelée le « château d’eau de l’Afrique
de l’Ouest ». Elle est entourée à l’ouest par l’océan Atlantique, au nord par la Guinée Bissau,
le Sénégal et le Mali, à l’est par la Côte‐d’Ivoire et au sud par le Liberia et la Sierra Leone. La
superficie de la Guinée se chiffre à 245'857 km2, soit près de 6 fois celle de la Suisse. Ce pays
compte plus de 12 millions d’habitants, dont 42.4% ont moins de 15 ans. L’espérance de vie
atteint presque 59 ans.
Malgré une nature luxuriante (forêts, fleuves et fertilité des sols) en comparaison à certains
pays voisins tels que le Sénégal ou le Mali, la Guinée est en proie à une pauvreté endémique.
Celle‐ci est essentiellement le fruit de plusieurs dizaines d’années de mauvaises gestions et
également d’accaparement des richesses par certaines multinationales. La Guinée regorge
en effet de bauxite qui sert à fabriquer l’aluminium, dont elle est le premier exportateur
mondial, mais aussi d’or, de diamants, de fer, de zinc, de cobalt, d’uranium, de manganèse
et de nickel. Malheureusement, cela ne profite pas aux habitants des villages. Cette situation
déplorable se traduit par le fait que le pays se situe au 183. rang sur 188 du classement
selon l’Indice de Développement Humain (2015).
Comment est la situation à Kébéfriguiya?
La population du village de Kébéfriguiya centre s’approvisionne actuellement en eau dans
une retenue naturelle du ruisseau. Les villageois doivent parcourir en moyenne 800 mètres
pour s’y rendre (15 minutes de marche). L’eau de boisson est puisée dans cette retenue où
les femmes pratiquent également leur lessive et où les animaux viennent s’abreuver. Ce
triple usage devrait rendre le traitement de l’eau impératif (la bouillir, voire utiliser du
chlore) avant de la consommer pour éviter de contracter des maladies. Le fait de la bouillir
engendre une accélération de la déforestation avec un impact sur l’écosystème local, mais
accapare aussi un temps précieux. Une partie de la population ne la traite pas. En
conséquence les maladies hydriques sont largement répandues. Les statistiques médicales
du poste de santé de Kénéfriguiya sont éloquentes : pour 134 consultations durant le mois
d’octobre 2017, plus de 40% sont liées aux conséquences de l’ingestion d’eau non‐potable.
Outre la population du village de Kébéfriguiya, les villageois des hameaux de Hammadiya, de
Toly et Moléya (appartenant à un village voisin), tous situés à environ 5 kilomètres du point
d’eau, viennent également s’approvisionner au même endroit durant la saison sèche.
L’assainissement de la situation au niveau de l’accès à l’eau potable est la priorité principale
du village de Kébéfriguiya centre.
Mais la pauvreté endémique de la population locale cumulée à l’absence de l’Etat ne permet
malheureusement pas de mobiliser les fonds nécessaires pour réaliser des ouvrages adaptés.
Aucune amélioration notable ne semble se profiler à l’horizon, malgré les impacts
considérables de tels projets. Des projets de développement financés par des organisations
non‐étatiques semblent actuellement être la seule solution envisageable.
Répercussions dans la vie sans de l'eau
Au niveau sanitaire
Les maladies hydriques et diarrhéiques sont fréquentes et
omniprésentes : de la « simple » diarrhée à la gastro‐entérite, mais également des
maladies nettement plus graves comme la fièvre typhoïde, la dysenterie et parfois et
dans des rares cas le choléra. C’est un véritable fléau pour la population, puisque
c’est la première cause d’hospitalisation en Guinée. Les enfants sont spécialement
affectés par cette situation. La mortalité infantile reste au‐dessus de 10 pour %
selon l’UNICEF. Chaque jour meurent 1000 enfants liés à la diarrhée.
Au niveau économique
Les maladies engendrent une réduction ou un arrêt de
travail et, vu l'absence d'assurances, un manque à gagner. Le temps consacré à la
corvée d’eau absorbe également un temps précieux, jusqu’à 50% dans certains cas
extrêmes, qui pourrait être utilisé pour des occupations génératrices de revenus. De
plus, les coûts supplémentaires liés à l’achat de médicaments se greffent au budget
familial. L’enchaînement de tels événements déstabilise souvent l’équilibre financier
précaire des ménages.
Au niveau social
L’absence d'un point d’eau de proximité nécessite de parcourir de
longs chemins pour subvenir aux besoins du foyer. Le temps alloué à cette tâche
varie certes fortement en fonction du contexte local. Dans le cas de Kébéfriguiya les
habitants doivent compter en moyenne 30 minutes pour chaque aller‐retour.
Autrement dit, l’approvisionnement en eau potable accapare entre 1 heure et 3
heures par jour en fonction de la taille du ménage. Cette corvée est une des raisons
explicatives de l’absentéisme à l’école, surtout des filles. Les résultats de groupes de
discussions organisés dans la région par notre équipe de coordination attestent que
60% des réticences à l’envoi des jeunes filles à l’école ou de l’abandon prématuré du
cursus primaire est à imputer à la corvée d’eau. Avec un tel projet, l’autonomie
féminine en ressort donc consolidée.
Au niveau sécuritaire
Les points d’eau ou les rivières ne sont pas sécurisés. Le risque
d’accident est non‐négligeable. A cela s’ajoutent également les risques encourus en
se rendant aux sources par des chemins isolés.
Vu la technicité du projet, une analyse minutieuse a été menée par un géomètre, un
hydraulicien et un topographe pour élaborer un dossier technique détaillé et garantir la
faisabilité. En parallèle, l'équipe de coordination de Nouvelle Planète a mené plusieurs réunions avec les
bénéficiaires et les autorités locales pour d’une part déterminer la pertinence d’une telle
intervention dans le contexte précis et d’autre part pour évaluer la capacité de mobilisation
et d’implication de la population locale.
Le contenu du projet un peu plus en détail
1. Mise en place de l’adduction d’eau
La source d’eau la plus abondante dans la région pouvant couvrir les besoins en eau de la
population locale est le ruisseau prenant source dans la montagne avoisinante. Il s’agit d’une
source intarissable, dont l’eau est de bonne qualité. La mise en place d’une adduction
gravitaire permettra d’amener l’eau directement dans le village et ainsi garantir aux
villageois un accès à de l’eau potable à proximité de leurs habitations.
Le captage de l’eau se fera à plus de 2 kilomètre du village et en amont de la retenue
naturelle où les villageois s’approvisionnent actuellement pour garantir la qualité de l’eau. Le
débit observé, 10 m/s, est largement suffisant pour garantir suffisamment d’eau. Le captage
consistera à mettre en place une structure en forme d’entonnoir doté d’une crépine
permettant de filtrer les impuretés charriées par le ruisseau, puis d’un décanteur mécanique
pour la purifier. Une conduite d’amenée (diamètre 110mm) d’une longueur de 1'800 mètres
acheminera l’eau collectée vers le réservoir.
Au niveau du réservoir, l’eau sera chlorée, en respectant les normes édictées par
l’Etat, pour garantir sa potabilité à 100%. La pression générée par le stockage de l’eau au
niveau du réservoir permet également de garantir un approvisionnement de toutes les
bornes fontaines. En cas de trop‐plein, le surplus d’eau est évacué dans la nature. En amont
du réservoir il y aura une dérivation sur l’amenée d’eau pour approvisionner le périmètre
maraicher. Dans le règlement d’eau il sera clairement stipulé que l’accès à l’eau potable sera
priorisé par rapport à l’usage agricole. Il y aura donc deux réseaux de distribution, l’un de
1'500 mètres pour approvisionner les quatre bornes‐fontaines depuis le réservoir et l’autre
de 1'200 mètres pour approvisionner le périmètre maraicher depuis la dérivation.
Quatre bornes‐fontaines seront construites, dont une sera affectée à l’école primaire. Les
trois bornes‐fontaines villageoises disposeront de quatre robinets chacune et d’un système
d’écoulement de l’eau pour garantir la propreté des lieux [Annexe 3]. Il y aura 1 robinet pour
environs 150 habitants, ce qui correspond aux normes guinéennes en matière d’accès à l’eau
potable. Les bornes‐fontaines sont conçues pour résister à l’usage intensif.
2. Aménagement du périmètre maraicher
En plus de l’adduction d’eau il est prévu d’aménager un périmètre maraicher de 5'000m2
utilisable durant toute l’année grâce à un système d’irrigation agricole, lequel sera alimenté
par une déviation au niveau de l’amenée d’eau en amont du réservoir, afin d’éviter d’utiliser
de l’eau chloré pour l’arrosage (soucis écologique et économique). La location des 10
terrains de 500m2 par le groupement des femmes du village (43 membres) déjà actif dans le
maraichage permettra de couvrir une partie des frais d’entretien de l’adduction d’eau.
L’entier du périmètre sera sécurisé par un grillage et un bassin de récupération sera érigé en
amont du périmètre pour pouvoir gérer l’arrosage grâce à des vannes et un système de
canaux convergeant vers un bassin de récupération à l’extrémité aval du périmètre
maraicher. L’excédent d’eau est donc récupéré et pourra être utilisé pour l’arrosage manuel.
Le projet prévoit également de fournir les semences de qualité et le matériel agricole
nécessaire (houes, machettes, brouettes, arrosoirs, etc.).
3. Création, structuration et formations du comité de l’eau
Loin de se focaliser uniquement sur l’infrastructure, il s’agit également de créer et de
structurer le comité de l’eau afin de garantir la pérennité des ouvrages. L’autorité
villageoise, présidée par M. Abass Sylla, opérera comme structure de gestion provisoire
jusqu’à ce que le comité de l’eau dispose des compétences et connaissances nécessaires
pour prendre son rôle.
Le comité de l’eau sera définitivement élu durant la période d’implémentation du projet lors
d’une assemblée villageoise générale extraordinaire, afin de garantir leur représentativité et
leur légitimité. Il sera au minimum constitué d’un président, d’un secrétaire, d’un trésorier et
de deux techniciens endogènes. Ces derniers seront formés pour disposer des compétences
pour réaliser l’entretien et, contre rémunération, des réparations mineures sur l’adduction
d’eau.
Afin de disposer de toutes les connaissances et compétences nécessaires, tous les membres
du comité de l’eau devront suivre une formation de cinq jours alliant théorie et pratique
dispensée par plusieurs intervenants (ingénieur hydraulicien et spécialiste GERME et PACTE).
Ils y aborderont des thèmes variés:
Les rôles des différents membres du comité,
La manière de garantir la potabilité (manipulation et dosage du chlore),
L’entretien des ouvrages,
La gestion financière d’un tel ouvrage,
Leur rôle mobilisateur auprès des villageois,
L’élaboration d’un règlement des usagers.
Suite à la formation, le comité de gestion va élaborer un règlement des usagers que tous les
bénéficiaires approuveront en le signant. Celui‐ci légiférera les horaires d’utilisation, la
fréquence de l’entretien, le paiement des cotisations, le loyer de la location du périmètre
maraicher ainsi que les sanctions en cas de non‐respect. Les techniciens endogènes
organiseront semestriellement la vidange du réservoir, le curage du captage et des petites
réparations. L’entretien et le nettoyage des bornes‐fontaines incomberont par contre aux
usagers qui seront encadrés par les techniciens endogènes. Cette manière de procéder
permet de responsabiliser les utilisateurs et de ne pas déconnecter l’utilisation de
l’entretien. Les relations sociales de proximité sont un puissant outil de contrôle et
d’encouragement à maintenir chaque borne‐fontaine en bon état.
4. Formation du groupement de femmes
Le groupement des femmes villageois, composé de 43 membres, sera en charge de cultiver
le périmètre maraicher et de payer la location des terrains grâce à l’argent généré par leurs
récoltes. Une formation dans le domaine de l’agriculture durable sera dispensée durant 5
jours à 21 femmes par un agent de l’Agence Nationale pour la Promotion Rurale et du
Conseil Agricole (ANPROCA) sous la supervision de notre équipe de coordination.
5. Sensibilisation
Le projet sera accompagné par dix campagnes de sensibilisation des villageois aux bonnes
pratiques dans le domaine de l’hygiène (promotion de mise en place de latrines et gestion
d’ordures), à l’entretien quotidien des infrastructures (mise en place d’un calendrier de
nettoyage) et aux enjeux de la pérennité financière de tels ouvrages (cotisations et loyer des
périmètres maraichers). Des activités spécifiques seront également organisées au sein de
l’école primaire en collaboration avec les enseignants pour sensibiliser les enfants aux
comportements d’hygiène appropriés. Des actions seront aussi proposées au dispensaire. La
transmission des informations par différents canaux permet d’atteindre toute la population
concernée et d’induire des changements de comportements nécessaires pour garantir la
durabilité de l’ouvrage.
Les 16 pages de la description complete du projet, y compris le budget peuvent être téléchargées ici:
Responsable du projet
Sur place
Les autorités locales, présidées par Abass Sylla, en collaboration avec le
comité de l’eau de Kébéfriguiya.
Suivi en Guinée
Agence de coordination de Nouvelle Planète:
Performance Afrique Guinée,
Ibrahima Sambégou Gassama,
Quartier Féréfou, Kindia
En Suisse
Nouvelle Planète
Xavier Mühlethaler, tél. 021 882 10 46,
»On ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux.«
Nouvelle Planète
Avenue des Boveresses 24
1010 Lausanne
+41 21 881 23 80